Il ne fait pas souvent « COIN COIN », mais on le rencontre fréquemment dans les entreprises, marginalisé et isolé.
Parfois perçu comme le révélateur d’une problématique individuelle, ce phénomène cache en réalité des dysfonctionnements plus profonds au sein de l’organisation.
Le syndrome du vilain petit canard, qu’est-ce que c’est ?
Le terme "vilain petit canard", venant d’un conte d’Andersen, fait référence à une personne dont les comportements ou la personnalité diffèrent significativement de ceux du reste de l’équipe, la conduisant à devenir la cible d’exclusion et d’ostracisme.
Ce phénomène révèle souvent des problèmes latents, notamment une identité de groupe mal définie ou des déficiences dans le leadership et le management.
LES CAUSES
Un malaise identitaire :
Une équipe dont l’identité collective est faible peut utiliser un de ses membres comme un moyen de renforcer sa cohésion.
En stigmatisant un individu, on évite de se confronter à ses propres faiblesses et on place toute la responsabilité de ses problèmes sur cette personne isolée.
C’est commode…
Un dysfonctionnement managérial :
Comme un thermomètre indique la fièvre, cette situation peut également révéler un management inefficace.
Un manager incapable de rassembler autour d’objectifs communs et de gérer les conflits de manière constructive peut laisser s’instaurer une dynamique d’exclusion, voire même la favoriser.
LES CONSEQUENCES
L’ostracisme subi par le vilain petit canard peut se manifester sous deux formes principales:
Isolement social :
Il est exclu des interactions informelles comme par exemple les pauses café ou les discussions de couloir, limitant ainsi significativement ses relations sociales au sein de l’équipe.
Isolement fonctionnel :
Il est « évité », faute d’être « invité » dans les échanges professionnels essentiels, ce qui peut nuire à l’exécution de ses tâches et affecter sa performance. Ceci donne raison à ses détracteurs…
UN FAUX PROBLEME?
Le sort de ce vilain petit canard peut ainsi masquer les véritables problèmes.
En agissant comme un exutoire pour les frustrations et les erreurs de l’équipe, ce petit gallinacé cimente une apparente et illusoire cohésion de groupe.
Mais une fois celui-là exclu, un autre prendra généralement sa place, perpétuant ainsi le cycle d’exclusion et de dysfonctionnements.
COMMENT GERER?
Pour vous, il est crucial de reconnaître et d’agir sur ce syndrome pour éviter qu'il ne s’installe dans le temps :
1. Identification précoce :
Soyez très attentif aux signes d’ostracisme (isolements) et intervenez rapidement pour comprendre les causes du phénomène, à la fois celles perçues par la personne concernée et par les autres membres du groupe.
2. Développer l'identité collective :
Travaillez à la renforcer autour d’objectifs communs et de valeurs partagées ne reposant pas sur l’exclusion d’untel ou d’untel.
3. Médiation et inclusion :
Créez des opportunités de collaboration incluant le fameux vilain petit canard et intégrez-le progressivement dans des projets avec des collaborateurs moins hostiles.
4. Gestion de la diversité :
Apprenez à valoriser et à gérer la diversité des personnalités et des compétences parmi vos subordonnés.
Un groupe sain doit pouvoir intégrer et tirer parti des différences sans recourir à une quelconque mise à l’écart.
ET SI C'ETAIT UN LANCEUR D'ALERTE?
Parfois, le vilain petit canard peut être un Julian ASSANGE, osant pointer des comportements non conformes ou nuisibles au sein de l’organisation.
Bien que souvent mis à l’index, Julian peut en témoigner, ces personnes sont parfois vénérées dans la sphère sociétale pour leur courage et leur intégrité.
Afin de maintenir une culture d'éthique et de transparence, il vous appartient de neutraliser les représailles à leur égard.
Le syndrome du vilain petit canard révèle ainsi davantage les dysfonctionnements d’une équipe ou un manque de leadership qu’un problème individuel.
Changez de lunettes, voyez-y donc un signal d'alarme et agissez pour rétablir une dynamique de groupe saine.
En reconnaissant les signes, en intervenant précocement et en valorisant l’inclusion, vous pouvez transformer ce syndrome en une opportunité de développement et de renforcement de votre organisation
Et rappellez-vous le: Ce vilain petit canard n’est autre qu’un superbe cygne en devenir…
Auteur : Jean-Noël BRUERE
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